À la Une

Le grand retour de Fellini !

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Après le succès de Mishima (déjà collector!) retrouver dès aujourd’hui le nouveau Raskar dans toutes les librairies (dignes de ce nom).
Pour son onzième numéro, Raskar Kapac s’encanaille avec le Maestro… Fédérico Fellini!
Avec au programme:
Un entretien exclusif avec Dominique Delouche, assistant-réalisateur de Féfé sur La dolce vita, Il bidone et Les nuits de Cabiria… 
Un dessin inédit de Fellini croquant la bouille de Nino Rota sur le tournage des Nuits de Cabiria, 1955!
Un superbe article de Pierre Adrian sur Sorrentino, Roma, Pasolini et son copain Féfé.
La renaissance de la buraliste d’Amarcord, du Satyricon, de La strada, du Casanova, de Huit et demi, de La dolce vita…
Le récit de voyage de Raskar Kapac en Irak (Bagdad-Mossoul-Sinjar) et la présence furtive de Drieu, Picasso, Cantat et du Tintoret!
Avanti!
A commander ici:
https://www.editionsdurocher.fr/…/raskar-kapac-n0-11-978226…

 

À la Une

La femme folle de Soutine par Martin Rahin

Un texte de Martin Rahin à retrouver dans le deuxième numéro de Raskar Kapac.

la branque

« Jamais ne saute hors de ton ombre ! » me dit le proverbe gitan. En regardant la manche de cette femme se décoller lentement de la forme idiote de son corps projetée sur le mur par la lumière, l’interdiction pèse dans mon coeur.

Elle s’est séparée d’elle-même la femme folle, elle s’est oubliée. Les mains trop lourdes voudraient monter en prière, ses jambes voudraient l’emporter loin du mur auquel elle s’est mariée de naissance ; mais elle mourra assise, un œil tourné vers le ciel, un autre vers la terre.

Dans cette folle de Soutine, il y a l’idée qu’il se fait de la femme. Cette folle ou toutes les autres, endimanchées, poétesses ou lavandières, il les peint à l’abandon, désespérément humaines, il les peint folles. Aucune preuve que Soutine fut fou, il eut faim et connut la douleur, ce n’est pas encore la folie. Pourtant ses femmes, il nous les pose folles. Il nous les pose comme on pose un fardeau après une longue marche, sans aucun égard pour ce qu’il contient.

La femme chez Soutine c’est ce chaos, ce mouvement qui te regarde, qui se touche les mains, c’est une flaque, un monde, un continent qui lentement se déforme.

Pour cette femme, il est déjà trop tard, mais il reste le geste, celui d’arriver à la couleur par la lumière. Il n’y a que dans cette unique toile que Soutine s’attaque à une lumière extérieure rasante, lui qui travaille habituellement un rayonnement intérieur en halo typiquement expressionniste. Cette lumière a traversé les Pays-Bas de Rembrandt pour éclairer la face de celle que je regarde sauter hors de son ombre.

Dans ses épaules qui remontent, je vois l’enfant qui s’excuse d’être le pantin du passé, dans sa bouche tordue, le caprice de la bave, et dans ses cheveux tirés, un réflexe navrant de coquetterie.

Le plus terrible, c’est qu’il suffirait de l’appeler jeune enfant pour l’aimer comme un père.

Martin Rahin

Retrouvez le Martin Rahin musicien:

https://www.youtube.com/channel/UCRDaSv5v6iVQCoCgS9-MU3w

À la Une

L’édito de Raskar sur Mishima!

mishima 1970
Mishima, 1970

Il fut un jeune vogueur, qui, après s’être repu jusqu’à l’écœurement d’écriture et d’ascèse, des poésies romantiques et des lunes molles, prit la voie du soleil. Nous étions en 1951, au jour de Noël ; ce voyageur quittant son île pour la première fois avait 26 ans. Et déjà dans les librairies s’arrachaient ses romans. Confession d’un masque et Une soif d’amour alourdissaient secrètement les tables de chevet féminines, quand les récentes Amours interdites étaient saluées par le grand Kawabata. Mais il fallait partir. S’alléger l’esprit d’une hyper sensibilité accrue par les longues nuits d’écriture. Délier des membres encore engourdis par le poids des encres. Dans la lumière naissante du port de Yokohama, Yukio Mishima prit alors le chemin d’Apollon.

L’œil qu’il porte à l’est, vers San Francisco, vers l’Europe et Athènes, possède cet éclat fier qu’ont les hommes accomplis précocement – et le feu sans joie du vaincu qui méprise la sentence. Sa rencontre avec l’empereur est le souvenir le plus fort du jeune Mishima, qu’il conservera jusqu’à sa mort, gardant au souverain la fidélité du disciple à son Dieu.

Hâlant son visage, le soleil du Pacifique est une révélation : Ce que je veux, c’est l’intelligence doublée de pure existence physique – comme une statue. Une autre image de lui-même s’ébauche à l’esprit de Mishima ; une averse nouvelle, irradiante, sensuelle, mue le corps de Yukio. La floraison de printemps s’amorce, le classicisme prend naissance à Delphes, et l’esprit d’acier dessine ses chairs avec harmonie. Pareil à l’astre incendiaire du soleil levant qui fondait avec les kamikazes de Pearl Harbor. Ce vent divin, toujours, qui sacrait le ciel bleu des processions, quand défilaient les jeunes éphèbes en sueur qu’enviait l’enfant… et qu’aima le guerrier, le ventre grand offert au sacrifice.

 48 ans après le seppuku de Mishima, Raskar prend le sabre et la plume… Lecteurs, revêtez vos masques !

 Yves Delafoy

Pour commander Raskar Kapac:

https://livre.fnac.com/a11255023/Collectif-Raskar-Kapac

 

Venez vite commander les derniers exemplaires du Raskar couleur consacré au peintre Soutine!

Pour ceux qui ne l’ont pas encore ou qui le cherchent! Nous remettons en vente une petite quinzaine de Raskar n°2 (la dernière!). Un numéro couleur consacré au peintre Chaïm Soutine. N’hésitez pas! Les premiers seront… les premiers servis! Le sommaire du numéro (et pour passer commande) en cliquant sur le lien tictail ci-dessous:

http://raskarkapac.tictail.com/product/raskar-r%C3%A9anime-cha%C3%AFm-soutine

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L’édito: Raskar Kapac barbotte avec Maurice Ronet!

ÉDITO

Raskar sur écran noir… Rappelez-vous, l’après-guerre
tout contre elle vit surgir un souffle neuf. Un souffle
désinvolte, fragile et malicieux ; inquiet, viril et désabusé.
Un vent nouveau, aux antipodes du graillon de la guerre
et des métaphysiques d’usine. Et dans cette génération,
lancée en pleine course d’orientation, quelques visages
tragiques ont su porter haut la tendresse sanglante
de ces coeurs. Maurice Ronet fut – à ses dépens ! – l’un
des plus ardents porte-étendards de ces âmes lasses,
et pourtant assoiffées d’amour et d’aventure. Des âmes
aux couleurs chatoyantes du paradoxe. Tantôt acides
et provocantes, tantôt prévenantes et délicates. Ronet,
c’est cela. C’est tout cela. La gueule bénie d’un séraphin ;
le regard du diable en pleine chute. Des projets en
pagaille qui lui brûlent la cervelle, et les mains qui
glissent sans une escale où s’arrimer. Maurice Ronet,
c’est James Dean sans l’artifice. C’est Musset sans
les pleurs. C’est l’acteur qui pour jouer ne force rien, tant
sa vie intérieure le nimbe d’une grâce et d’un mystère
opaque. Ronet, c’est l’esthète qui laisse aux trottoirs
la doxa. C’est celui qui murmure après Brasillach
« Vienne la nuit que je m’embarque, Loin des murs que
fait ma prison », sans se soucier des cabots de la Mère-
Morale. Ronet, c’est l’homme qui sut se faire adorer
d’Anouck Aimé, et qui embrassait gaiement les filles
légères de Barcelone. C’est l’enfant qui colore la nuit
et celui qui chante la vie dans toutes ses gammes
tragiques. C’est l’adolescent qui chasse l’ennui, et que
l’angoisse poursuit. Mais aussi le gentilhomme de l’amitié
et la silhouette racée de la mélancolie. L’amoureux
qui voit danser les soleils d’ambre et de malt au fond
des verres, et le baroudeur qui part filmer les dragons
sur l’île de Komodo.
Voilà le passeport de Maurice Ronet… Maintenant, chers
lecteurs, silence et que grondent les moteurs…
Action !

Yves Delafoy

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L’édito: Raskar Kapac sous le signe de Corto Maltese!

ÉDITO

Il est le seul à parler aux corbeaux de Stonehenge et aux
léopards de Tanzanie ; à rêver des étoiles avec les statues
de l’Ile de Pâques et à voir deux lunes la même nuit, en
Argentine ; à danser avec des squelettes et à échapper
à la Mort dans une course-poursuite ; à être traqué par
son double, à disparaître dans des livres ; à boire du
chambertin en temps de guerre ; à combattre un sousmarin
avec Merlin et la fée Morgane à ses côtés ; à lutter
à mains nues contre des caïmans et des tortues géantes.
Cet homme si étrange, c’est Corto Maltese. Que sait-on
de lui ? Peu de choses, en réalité. Sujet britannique, né
à Malte, résidant à Antigua. Sa mère est une prostituée
de Gibraltar, son père un marin. Il a un passé de bandit
en Argentine puis de pirate dans les îles du Pacifique.
Il loge un peu partout, dans les quartiers mal famés de
Hong Kong, dans des pensions en Suisse ou en Guyane
hollandaise, chez ses connaissances aux quatre coins
du monde. On sait qu’il tient l’amitié pour la valeur la
plus haute. Aucun de ses amis ne se ressemble : entre
Raspoutine, un aventurier russe qui jure de le tuer,
Cush, un guerrier danakil, et Steiner, un vieux savant
alcoolique, rien de commun. Sauf peut-être une chose:
Corto irait jusqu’en enfer pour les retrouver.
Corto aime aussi les femmes, passionnément – tout en
se méfiant d’elles comme de la peste. « Je préfère tomber
dans les bras d’une femme plutôt qu’entre ses mains. »
Son romantisme, son aristocratie semblent venir d’un
autre temps. « Peut-être suis-je le dernier exemplaire
d’une dynastie complètement éteinte qui croyait en la
générosité… En l’héroïsme… » Mais il sait être aussi très
cynique. À un agonisant qui lui demande pourquoi il
refuse de révéler un secret, il rétorque tranquillement :
« Parce que je suis méchant. » Enfin, il y a une chose qu’il
révère par-dessus tout : partir. « Je dois partir, je dois
partir, je dois partir », assène-t-il à une femme, éberluée
face à tant d’instabilité, dans Tango. Alors sans plus
tarder, hissons le drapeau noir et mettons les voiles avec
Corto Maltese !

Archibald Ney

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L’édito: Raskar Kapac fricote avec Guy Hocquenghem!

ÉDITO

La foudre consume les lettres. Guy Hocquenghem hurle
sur les barricades. Mai 68 renversera l’ordre bourgeois.
Mais, dès le mois de juin, les barricades s’effondrent.
Hocquenghem n’a pas dit son dernier mot. Il continue sa
lutte à mort contre la norme. Les pédés seront la nouvelle
armée de subversion. Un « fléau social » aux vertus de
matamore. Vive la bâtardise et l’exotisme oriental !
Mais les anciens camarades s’en foutent. Ils troquent
le drapeau noir pour les insignes du kapo. Renégats de
la liberté. Le pouvoir les absorbe, les consensualise, les
adoube nouveaux chevaliers d’Occident. Hocquenghem
démasque les tartuffes. Sa voix nasillarde -aux vibratos
autoritaires- tétanise les impies. Les opinions tièdes
l’écoeurent. Années 80… La création romanesque
l’éloigne du brouhaha militant. Guy donne naissance à
une ribambelle de personnages. Il y a Adam, le malade
aérien ; Amar et sa sensualité d’aveugle, saint Jean
et sa poésie spirituelle, Frère Angelo et ses amours
hérésiarques… Guy Hocquenghem n’est pas avare
de lui-même. Il se déboutonne à travers son écriture.
Alors, en route ! Jetons nous avec lui dans le magma
des années 70-80 ! Sexe obscur et création artistique !
« Un journal qui respecte la tranquillité de ses lecteurs,
c’est un dortoir ou un hôpital. » affirmait Hocquenghem.
N’oubliez pas chers lecteurs, Raskar Kapac est de « la
race de ceux qui chantent sur le bûcher ».

Maxime Dalle

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